27 avril 2015



ROSINE


1985 est pour la plupart des français, synonyme d’hiver très rude. L’année avait commencé par une chute de neige assez exceptionnelle ; les niçois croulaient sous plus de 40 centimètres de poudreuse et se déplaçaient plus facilement en ski qu’en espadrilles.
Puis un froid polaire fit son apparition sur tout le territoire avec des températures allant de -23° C sur la moitié nord jusqu'à -40°C dans le Doubs.  Le gazole gelait dans les réservoirs des voitures, les canalisations se rompaient à cause du gel, les cours d’eau se figeaient et les coupures d’électricités étaient de plus en plus fréquentes, EDF  ayant de grandes difficultés  à faire face à la surconsommation des petits chauffages d’appoint.
Tous les français étaient centrés sur le froid qui frappait le pays.
Mais  à Berchères,  petit village de la Beauce,  ce n’est pas le froid polaire qui marqua le plus les esprits de deux femmes (qui vivaient là parmi 600 âmes …)
Tout commença par de la fumée s’échappant d’une cheminée. Je ne fais évidemment pas référence à une élection papale, parce qu’en janvier 1985, le pape Jean Paul II, élut depuis 7 ans, était au Pérou et avait encore devant lui 19 années de labeur. Non ! Cette cheminée qui fumait, était celle de la Roseraie, nom bien prétentieux  pour cette petite maison en plein cœur de village, au 10 rue La Villette.
Cette  maison avait  été baptisée ainsi par son ancienne propriétaire, madame Bouvier, nom de jeune fille Bennett.

                Amy Bennett avait débarqué de son Angleterre natale après avoir été embauchée comme préceptrice au château de la Bastanière.
Les parents d’Amy s’étaient rencontrés sur les trottoirs roulants de l’exposition universelle de 1900. Andrew, gentleman anglais, avait permis à Sophie, petite provinciale française de conserver un semblant de dignité en lui évitant de s’empêtrer les pieds dans sa robe tout en passant du trottoir à vitesse lente au rapide.
Lui, professeur de littérature anglaise à l’université de Cambridge, elle,  jeune pigiste pour un petit journal local, était, comme beaucoup de personne autour d’eux, venus visités la dernière exposition universelle.
Amy naquit 5 ans plus tard dans un petit cottage près des berges de la Cam. Enfant bercée entre ses origines anglaises et françaises, elle hérita de sa mère une petite coquetterie dans l’œil, une tignasse indomptable, une volonté de fer et apprit en plus de la langue de Molière à cuisiner autre chose que des sandwichs et de la viande bouillie accompagnée de sauce à la menthe. Son père quant à lui, lui léga des reflets roux, quelques taches de sons sur ses pommettes saillantes, l’habitude de prendre le thé à 17 heures quel que soit l’endroit où elle se trouvait et son amour inconditionnel pour les jardins anglais.
Mais le bien le plus précieux qu’ils lui léguèrent, fut leur passion commune pour l’écriture.
Amy n’avait pas 20 ans lorsqu’elle perdit ses parents dans un tragique  accident de la circulation.
Le seul membre de la famille qui lui restait était sa tante Marie  sœur ainée de sa mère.
 Marie avait vu partir ses deux fils pour le front et tout ce qui lui restait  était des lettres gardées précieusement dans une boîte en fer. C’est elle qui avait trouvé à Amy cette place de nurse ; ce fut le moyen qu’elle trouva pour faire venir auprès d’elle cette nièce qu’elle ne connaissait qu’à travers les lettres de sa sœur.
Amy sécha ses larmes ; vendit le cottage et  coiffée d’un chapeau cloche dissimulant une coupe garçonne, débarqua à Berchères accompagnée d’une grosse malle dans laquelle s’entassaient en plus de ses affaires personnelles, ses auteurs préférés, le dernier 33 tours de Louis Armstrong et une machine à écrire Remington dernière folie de son père.
La jeune anglaise s’adapta rapidement à sa nouvelle vie. Alexandre, petit garçon de huit ans dont elle avait la charge l’adorait (elle deviendra même la marraine de son fils) et  elle appréciait de plus en plus la compagnie  de Germain Bouvier, jeune secrétaire de monsieur Dubreuil qui adorait lui montrer certains coin reculés de la région.

Un an plus tard, au bal du 14 juillet, alors que l’orchestre jouait « Les roses blanches », Germain, demanda  Amy en mariage. 
 C’était en 1925. Cette année-là, Jean d’Ormesson membre de l’académie française pousse son premier cri, Hitler publie « Mein Kampf »,  Charlie Chaplin présente à Hollywood son film  « La ruée vers l’or » et Joséphine Baker triomphe au théâtre des champs Elysées.
 Germain, amoureux fou de sa petite anglaise, lui offrit chaque année pour leur anniversaire de mariage  un rosier qu’elle plantait dans son jardin anglais. Il y en avait de toutes les sortes, en buissons, grimpants, arbustes, pleureurs, mais ils avaient tous un point commun, ils donnaient des fleurs blanches.

Après être restée trois ans comme préceptrice au service de la famille Dubreuil, Amy travailla comme traductrice pour une grande maison d’édition. Et c’est sur la Reminghton qu’elle permettait à des auteurs anglais d’être lus et appréciés par des lecteurs français.

Cela faisait plusieurs mois que la Roseraie était inhabitée.
Jusqu’à ce jour de fin janvier 1985, où une frêle silhouette s’extirpant d’une 104 bleue avec un énorme carton dans les bras pénétra dans la maison.
Les villageois restant calfeutrés chez eux à cause du froid qui sévissait, ne surent pas tout de suite que Berchères comptait un nouvel habitant.  Une personne cependant s’en aperçut, Sidonie Mastrissotte. Lorsqu’en milieu de matinée elle avait vu de la fumée sortir de la cheminée de la roseraie, elle pensa tout d’abord que  Martin neveu de l’ancienne propriétaire, craignant que le gel ne fasse éclater les canalisations, était allé allumer un feu  de cheminée pour réchauffer la maison. Et elle continua à vaquer à ses occupations. Puis, quand  Yves Mourousi, parla des 40 000 personnes privées d’électricité dans le XIème arrondissement de Paris, elle se dit qu’elle avait de la chance de vivre à la campagne, pensa qu’elle devrait encore rentrer du bois pour la nuit et que la courtepointe qu’elle était en train de tricoter pour l’anniversaire de son amie Berthe lui réchauffait bien les pieds.
 Mais quand le journaliste annonça qu’un pâté de maisons du centre historique de Troyes disparaissait sous les flammes à cause d’un chauffage mal entretenu, elle se précipita à la fenêtre de la cuisine. Et c’est là que ses petits yeux de fouine la virent.
C’était une femme. Elle portait une grosse doudoune, des boots, un gros bonnet et une écharpe qui lui faisait au moins trois fois le tour du visage, il était impossible de voir qui était cette personne les bras chargés de cartons et qui pénétrait dans la Roseraie. Sidonie n’hésita que quelques secondes entre téléphoner à son amie pour lui annoncer la nouvelle, ou à Martin qui pourrait très certainement la renseigner sur l’identité de la nouvelle arrivée. Car s’il y avait bien une chose que madame Mastrissotte aimait par-dessus tout, c’était d’être au courant de tout ce qui se passait dans le village. Mais qu’elle ne fut pas sa déception ni sa colère lorsque le jeune homme, refusant de répondre à ses questions, lui raccrocha au nez, après  lui avoir dit de façon abrupte que la personne vivant là avait besoin de paix et de tranquillité et sûrement pas d’une vieille mégère qui passerait son temps à l’épier.
Furieuse, Sidonie appela  son amie Berthe, afin de lui annoncer deux choses. Que la Roseraie était à nouveau habitée  et qu’elle partait en croisade afin de  tout connaître sur cette nouvelle berchérienne.
Berthe Grignon, petite femme boulotte était physiquement à l’opposé de son amie. Elle prévint son mari qu’elle sortait voir Sidonie, chaussa par-dessus ses grosses chaussettes de laine les boots moumoutes qu’elle avait achetées l’année passée pour aller à Moscou, coiffa  sa Chapka et sortit après avoir enfilé sa grosse doudoune vert fluo .
Cela faisait 60 ans que les deux femmes se connaissaient. La perte d’un frère pour l’une et d’un époux pour l’autre, mort dès le début de la guerre de 40  avait fini de renforcer ce lien qui les unissait. Sidonie ne s’est jamais remariée et une salpingite qui avait failli l’emporter, annihilât  définitivement tout espoir d’avoir des enfants. Sont-ce ces deux épreuves qui la rendirent aussi aigrit et amère ? C’est fort possible. En tout cas c’est ce que Berthe a toujours pensé. Et c’est poussée par un sentiment de culpabilité qui se changea vite en habitude, que  la femme mariée se soumis rapidement à la volonté de la veuve acariâtre. C’est pourquoi, malgré le gel qui rendait les rues glissantes, Berthe se rendit chez son amie.
Là les deux femmes établirent un plan de bataille afin d’en apprendre le plus possible sur la nouvelle habitante de la roseraie.
Le temps ne se prêtant pas aux promenades, les deux commères passèrent le mois de janvier dans la cuisine, à épier les éventuelles sorties de celle qu’elles avaient  surnommée Rosine (en souvenir d’une vieille dame que Sidonie avait détesté étant enfant). Au bout d’une semaine d’observation infructueuse,  les deux femmes auraient pu se  lasser et passer à une autre occupation ; mais le gel limitant les sorties, elles qui après l’espionnage avait comme hobby le crocher et les commérages, firent d’une pierre 3 coups : épier, crocheter et papoter.
Pendant ces après-midis-là les deux biques commencèrent à créer des scénarios complètement délirants sur qui était Rosine. Pour deux vieilles femmes qui avaient passé leur vie à lancer des commérages et des rumeurs de toutes sortes, vous devez bien vous douter que s’il y avait bien une chose qui ne leur faisait pas défaut c’était un manque d’imagination.
Berthe, grande lectrice de la collection Arlequin et de Barbara Cartland, offrait à Rosine, une vie des plus sulfureuses, avec des amants dans chaque port. Quant à Sidonie sa mesquinerie prenant le pas sur tout le reste lui imaginait  une vie  des plus sombres et misérable.
Dans la même rue, à deux maisons de là, installée au bord du canapé, celle que les deux vieilles mégères  avaient baptisé Rosine, faisait courir ses doigts sur la vieille Remington d’Amy ; elle tenait enfin la nouvelle qui lui manquait pour clore son recueil.
Malgré le feu qui flambait dans la cheminée (petite attention de Martin) une tasse de chocolat fumant posée sur la table basse et un vieux plaid fané enveloppant ses épaules, Violette, car c’est ainsi qu’elle s’appelait en réalité, avait du mal à se réchauffer.
La dernière fois qu’elle avait poussé la porte de la Roseraie, elle était en larme, elle venait annoncer à Amy qu’elle quittait Berchères. C’était il y a 7 ans.
Est-ce le bruit de la machine à écrire, l’odeur du chocolat chaud qui venait lui chatouiller les narines,  la photo posée sur le manteau de la cheminée , ou tout simplement ces trois choses réunies qui avaient mis ses sens en émoi, l’esprit de Violette remonta 15 ans en arrière, le  jour de sa rencontre avec Amy.
Tout s’était décidé très vite. Oncle Jean avait trouvé cette maison dans ce petit village de campagne, mais aussi dégoter à sa sœur un poste de secrétaire chez le notaire.  En moins de 15 jours tout était réglé. La signature pour la location, l’inscription à l’école… Une nouvelle vie commençait. Loin du scandale que son père avait provoqué en partant à l’étranger avec la caisse de son entreprise à un bras  et sa maîtresse à l’autre.

 Le 10 septembre 1970, n’était pas uniquement une des journées les plus chaudes de ce dernier mois d’été, c’était aussi le jour de la rentrée des classes.
L’angoisse qui lui tenaillait le ventre et l’avait empêché de savourer les belles tranches de brioche dégoulinantes de confiture que sa mère lui avait amoureusement préparé pour son petit déjeuner, se fit plus présente lorsqu’elle franchit le portail vert de sa nouvelle école. Comme toute personne timide qui n’aspire qu’à une chose, se faire le plus discrète possible, Violette ne mit pas longtemps à  repérer le banc qui lui tendait les bras.
Elle s’y installa, posa son petit cartable en cuir juste à côté d’elle, et après avoir observé les enfants courant dans la cour et piaillant tout à la joie de se retrouver, se concentra sur la contemplation de ses pieds confortablement installés dans ses mocassins vernis.
Quand … Elle vit une paire de ripatons s’arrêter devant elle.
Espérant que  son immobilité la rendrait invisible, elle garda la tête baissée ; mais les pieds ne bougeant pas, elle releva lentement le menton. Et surprise, découvrit un garçon ; qui portait une paire de chaussettes dépareillée, une culotte courte révélant deux petits genoux dodus et écorchés, un tablier bleu marine beaucoup trop grand pour lui, des épis sur la tête que même des coups de peignes rageurs n’avaient pu discipliner, et sur son visage poupin fendu d’un large sourire un petit air espiègle faisait briller des yeux verts malicieux.
 Martin Dubreuil, fils du notaire du village avait observé Violette entrer dans la cour de l’école, s’assoir sur le petit banc et regarder les autres enfants jouer à chat. Son père lui ayant demandé de prendre sous son aile la fille de sa nouvelle secrétaire, il s’approcha du banc.
-« Bonjour, moi c’est Martin !
-Violette »
Martin en vrai petit garçon bavard et consciencieux de mener à bien sa mission, lui parla de l’école ; fit vite le tour de chacun des élèves, lui traça un tableau un peu surprenant du directeur, qui était également le seul instituteur du village, lui raconta comment sa mère ne supportant plus la vie à la campagne était partie en juin vivre à Paris laissant mari et enfant livrés à eux même, et comment sa marraine s’occupait de lui tous les soirs à la sortie de l’école. Violette qui jusque-là avait écouté Martin d’une oreille plus ou moins distraite tout en fixant le bout de ses mocassins, releva la tête le regarda d’un œil nouveau et lui parla. De son père qui les avait abandonnés, du scandale, des regards inquisiteurs, des moqueries des enfants de son ancienne école, de leur départ précipité, de sa peur de rester toute seule le soir dans cette vieille maison qui était aujourd’hui la sienne….
Le soir même, à la sortie de l’école Martin amena  Violette chez l’ancienne nurse de son père, sa marraine, Amy Bouvier, siroter un thé glacé.
Amy venait de fêter ses 65 ans. Cela faisait 11 ans que son Germain l’avait quitté emporté par une mauvaise grippe. N’ayant pas d’enfants, son jardin et ses traductions lui permirent de combler une part du vide que la perte de son aimé provoqua, mais ce fut surtout la naissance de Martin qui étancha sa peine. Elle adorait cet enfant, son espièglerie, sa gentillesse, sa douceur  et sa vivacité d’esprit. Malgré toutes ces qualités Martin était un enfant qui n’avait pas d’amis et cela chagrinait beaucoup l’ancienne nurse de son père. Car même si le notaire  s’était vu contraint de vendre le château familial à une chaine d’hôtellerie de luxe et était devenu le propriétaire d’une maison placé en plein cœur du village, la famille Dubreuil était toujours considérée comme une famille gravitant dans les hautes sphères de la société et que l’on n’osait pas fréquenter. On constate chaque jour que les préjugés ont la vie dure et même si le père de Martin était apprécié de tous, il n’avait jamais pu  faire intégralement partie du cercle fermé des villageois. Cette mise à l’écart inconsciente touchait également son fils, qui était devenu par la force des choses un enfant solitaire.
Aussi lorsque la vieille anglaise vit arrivé à l’heure du thé son filleul accompagné d’une petite fille timide au regard triste, elle l’adopta aussitôt. C’est un livreur qui les pris en photo tous les trois dans le jardin au milieu des rosiers ; Amy ayant voulu immortaliser leur première rencontre à sa manière.
Les deux enfants devenus inséparables passaient beaucoup de temps à la roseraie et ne manquaient jamais le tea time. C’est avec Amy qu’ils apprirent à parler la langue de Shakespeare. Avec elle également que Violette se pris de passion pour la littérature anglaise. L’enfant adorait la regarder  taper à la machine et bercée par le bruit des touches enfoncées dans le clavier elle passait des heures plongée dans les romans.  Avec elle enfin que cette amitié qui liait ces deux enfants se bâtit sur des fondations solides. Et malgré le temps et les différentes directions que chacun prit au cours de sa vie, cette amitié-là resta toujours intacte.
La Roseraie était donc devenue pour chacun d’eux une sorte de refuge et Amy leur point d’ancrage.
Les enfants grandirent…
Puis un jour, au début du printemps, Amy et Martin trouvèrent  Violette en larmes.
Sa mère lasse des rumeurs proférées à son encontre par les deux commères les plus féroces du village, quittait Berchères pour le Canada. Violette déchirée entre son désir de partir étudier à Montréal et sa peine de laisser ses deux amis, boucla sa valise et suivit sa mère.
 Martin partit à Rouen faire ses études de droit et  dans la pure tradition familiale  devint  notaire pour la 4éme génération.
Les deux amies s’écrivirent régulièrement.
Violette racontait  sa vie québécoise, ses progrès en anglais, le patin à glace sur le Saint Laurent, les écureuils courant le long des câbles électriques, ses moments de plénitude sur les bancs du mont royal,  les spécialités culinaires québécoise tel que le sirop d’érable ou la poutine (frites trempées dans une sauce brune mélangée à des morceaux de fromages), ses études  universitaires, ses cours de dessins  son premier livre pour enfants  vendu en librairie, le deuxième, puis  le recueil de nouvelles qu’elle était en train d’écrire.
 Et Amy racontait Berchères. Le nouveau restaurant qui venait d’ouvrir, la nouvelle institutrice mademoiselle Gontran; la boulangère qui portait sur ses hanches les gâteaux invendus ; le décès de la vieille Marthe ; Martin, qui venait de terminer ses études, son retour au village, ses visites régulières qu’il ne manquait pas de rendre à sa marraine à l’heure du thé, les petits gâteaux qu’il rapportait de la boulangerie ce qui permettait à certaines rondeurs de ne pas prendre trop d’ampleur. Leurs discussions interminables et ces moments de silence lorsqu’ils pensaient à elle, Violette, si loin et en même temps si proche.
Cela faisait quelque mois que Violette songeait à revenir en France et ce fut une lettre qui finit par la convaincre qu’il était temps de rentrer.

                                                                                         Berchères 5 Novembre 1984

 Violette,

Les nouvelles ne sont pas bonnes.
Amy hospitalisée depuis septembre pour une prothèse totale de hanche ne rentrera plus à la roseraie.
Ce matin j’ai vu le docteur Blanchard, le médecin qui s’occupe d’elle à la maison de convalescence où elle est actuellement. Il m’a annoncé qu’Amy était atteinte de la maladie d’Alzheimer, et qu’il fallait lui trouver une place dans une maison spécialisé car elle avait besoin d’une surveillance constante.
Si tu veux la revoir avant que son état ne s’aggrave, ne tarde pas, elle commence déjà à me confondre de temps en temps avec mon père.

Je t’embrasse,
Martin




Juin 1985
Cela faisait maintenant quinze jours que Sidonie trouvait le comportement des villageois des plus étranges. Elle avait le sentiment désagréable que les conversations s’interrompaient à son passage,  et parfois même, dès qu’elle avait le dos tourné, il lui semblait entendre de petits ricanements. C’est Berthe qui apporta la réponse à ses interrogations. Alors qu’elle allait se chercher le dernier Arlequin parut, son regard fut attiré par le titre d’un recueil de nouvelles mis en tête de rayon. La libraire, s’approcha.
-« L’auteur est une jeune femme qui vient d’emménager dans le coin. Elle a écrit la dernière nouvelle en janvier en s’inspirant de deux vieilles dames qui vivent dans sa commune.

 « Rosine » paru en juin, il n’a pas été un succès national, mais on  trouva le livre de Violette dans tous les foyers de Berchères.




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