ROSINE
1985 est pour la plupart des
français, synonyme d’hiver très rude. L’année avait commencé par une chute de
neige assez exceptionnelle ; les niçois croulaient sous plus de 40
centimètres de poudreuse et se déplaçaient plus facilement en ski qu’en
espadrilles.
Puis un froid polaire fit son apparition sur tout le
territoire avec des températures allant de -23° C sur la moitié nord jusqu'à
-40°C dans le Doubs. Le gazole gelait
dans les réservoirs des voitures, les canalisations se rompaient à cause du gel,
les cours d’eau se figeaient et les coupures d’électricités étaient de plus en
plus fréquentes, EDF ayant de grandes
difficultés à faire face à la
surconsommation des petits chauffages d’appoint.
Tous les français étaient centrés
sur le froid qui frappait le pays.
Mais à Berchères, petit village de la Beauce, ce n’est pas le froid polaire qui marqua le
plus les esprits de deux femmes (qui vivaient là parmi 600 âmes …)
Tout commença par de la fumée s’échappant
d’une cheminée. Je ne fais évidemment pas référence à une élection papale,
parce qu’en janvier 1985, le pape Jean Paul II, élut depuis 7 ans, était au
Pérou et avait encore devant lui 19 années de labeur. Non ! Cette cheminée
qui fumait, était celle de la Roseraie, nom bien prétentieux pour cette petite maison en plein cœur de
village, au 10 rue La Villette.
Cette maison avait
été baptisée ainsi par son ancienne propriétaire, madame Bouvier, nom de
jeune fille Bennett.
Amy Bennett avait débarqué de son
Angleterre natale après avoir été embauchée comme préceptrice au château de la
Bastanière.
Les parents
d’Amy s’étaient rencontrés sur les trottoirs roulants de l’exposition
universelle de 1900. Andrew, gentleman anglais, avait permis à Sophie, petite
provinciale française de conserver un semblant de dignité en lui évitant de
s’empêtrer les pieds dans sa robe tout en passant du trottoir à vitesse lente
au rapide.
Lui,
professeur de littérature anglaise à l’université de Cambridge, elle, jeune pigiste pour un petit journal local,
était, comme beaucoup de personne autour d’eux, venus visités la dernière
exposition universelle.
Amy naquit 5
ans plus tard dans un petit cottage près des berges de la Cam. Enfant bercée
entre ses origines anglaises et françaises, elle hérita de sa mère une petite
coquetterie dans l’œil, une tignasse indomptable, une volonté de fer et apprit
en plus de la langue de Molière à cuisiner autre chose que des sandwichs et de
la viande bouillie accompagnée de sauce à la menthe. Son père quant à lui, lui
léga des reflets roux, quelques taches de sons sur ses pommettes saillantes,
l’habitude de prendre le thé à 17 heures quel que soit l’endroit où elle se
trouvait et son amour inconditionnel pour les jardins anglais.
Mais le bien
le plus précieux qu’ils lui léguèrent, fut leur passion commune pour
l’écriture.
Amy n’avait
pas 20 ans lorsqu’elle perdit ses parents dans un tragique accident de la circulation.
Le seul membre
de la famille qui lui restait était sa tante Marie sœur ainée de sa mère.
Marie avait vu partir ses deux fils pour le
front et tout ce qui lui restait était
des lettres gardées précieusement dans une boîte en fer. C’est elle qui avait
trouvé à Amy cette place de nurse ; ce fut le moyen qu’elle trouva pour faire
venir auprès d’elle cette nièce qu’elle ne connaissait qu’à travers les lettres
de sa sœur.
Amy sécha ses
larmes ; vendit le cottage et
coiffée d’un chapeau cloche dissimulant une coupe garçonne, débarqua à
Berchères accompagnée d’une grosse malle dans laquelle s’entassaient en plus de
ses affaires personnelles, ses auteurs préférés, le dernier 33 tours de Louis
Armstrong et une machine à écrire Remington dernière folie de son père.
La jeune
anglaise s’adapta rapidement à sa nouvelle vie. Alexandre, petit garçon de huit
ans dont elle avait la charge l’adorait (elle deviendra même la marraine de son
fils) et elle appréciait de plus en plus
la compagnie de Germain Bouvier, jeune
secrétaire de monsieur Dubreuil qui adorait lui montrer certains coin reculés
de la région.
Un an plus
tard, au bal du 14 juillet, alors que l’orchestre jouait « Les roses
blanches », Germain, demanda Amy en
mariage.
C’était en 1925. Cette année-là, Jean
d’Ormesson membre de l’académie française pousse son premier cri, Hitler publie
« Mein Kampf », Charlie
Chaplin présente à Hollywood son film « La ruée vers l’or » et
Joséphine Baker triomphe au théâtre des champs Elysées.
Germain, amoureux fou de sa petite anglaise,
lui offrit chaque année pour leur anniversaire de mariage un rosier qu’elle plantait dans son jardin
anglais. Il y en avait de toutes les sortes, en buissons, grimpants, arbustes,
pleureurs, mais ils avaient tous un point commun, ils donnaient des fleurs
blanches.
Après être
restée trois ans comme préceptrice au service de la famille Dubreuil, Amy
travailla comme traductrice pour une grande maison d’édition. Et c’est sur la
Reminghton qu’elle permettait à des auteurs anglais d’être lus et appréciés par
des lecteurs français.
Cela faisait plusieurs mois que
la Roseraie était inhabitée.
Jusqu’à ce
jour de fin janvier 1985, où une frêle silhouette s’extirpant d’une 104 bleue avec
un énorme carton dans les bras pénétra dans la maison.
Les villageois
restant calfeutrés chez eux à cause du froid qui sévissait, ne surent pas tout
de suite que Berchères comptait un nouvel habitant. Une personne cependant s’en aperçut, Sidonie
Mastrissotte. Lorsqu’en milieu de matinée elle avait vu de la fumée sortir de
la cheminée de la roseraie, elle pensa tout d’abord que Martin neveu de l’ancienne propriétaire,
craignant que le gel ne fasse éclater les canalisations, était allé allumer un
feu de cheminée pour réchauffer la
maison. Et elle continua à vaquer à ses occupations. Puis, quand Yves Mourousi, parla des 40 000
personnes privées d’électricité dans le XIème arrondissement de Paris, elle se
dit qu’elle avait de la chance de vivre à la campagne, pensa qu’elle devrait
encore rentrer du bois pour la nuit et que la courtepointe qu’elle était en
train de tricoter pour l’anniversaire de son amie Berthe lui réchauffait bien
les pieds.
Mais quand le journaliste annonça qu’un pâté
de maisons du centre historique de Troyes disparaissait sous les flammes à cause
d’un chauffage mal entretenu, elle se précipita à la fenêtre de la cuisine. Et
c’est là que ses petits yeux de fouine la virent.
C’était une
femme. Elle portait une grosse doudoune, des boots, un gros bonnet et une
écharpe qui lui faisait au moins trois fois le tour du visage, il était
impossible de voir qui était cette personne les bras chargés de cartons et qui
pénétrait dans la Roseraie. Sidonie n’hésita que quelques secondes entre
téléphoner à son amie pour lui annoncer la nouvelle, ou à Martin qui pourrait
très certainement la renseigner sur l’identité de la nouvelle arrivée. Car s’il
y avait bien une chose que madame Mastrissotte aimait par-dessus tout, c’était
d’être au courant de tout ce qui se passait dans le village. Mais qu’elle ne
fut pas sa déception ni sa colère lorsque le jeune homme, refusant de répondre
à ses questions, lui raccrocha au nez, après
lui avoir dit de façon abrupte que la personne vivant là avait besoin de
paix et de tranquillité et sûrement pas d’une vieille mégère qui passerait son
temps à l’épier.
Furieuse,
Sidonie appela son amie Berthe, afin de
lui annoncer deux choses. Que la Roseraie était à nouveau habitée et qu’elle partait en croisade afin de tout connaître sur cette nouvelle
berchérienne.
Berthe
Grignon, petite femme boulotte était physiquement à l’opposé de son amie. Elle
prévint son mari qu’elle sortait voir Sidonie, chaussa par-dessus ses grosses
chaussettes de laine les boots moumoutes qu’elle avait achetées l’année passée
pour aller à Moscou, coiffa sa Chapka et
sortit après avoir enfilé sa grosse doudoune vert fluo .
Cela faisait 60 ans que les deux
femmes se connaissaient. La perte d’un frère pour l’une et d’un époux pour
l’autre, mort dès le début de la guerre de 40
avait fini de renforcer ce lien qui les unissait. Sidonie ne s’est
jamais remariée et une salpingite qui avait failli l’emporter, annihilât définitivement tout espoir d’avoir des
enfants. Sont-ce ces deux épreuves qui la rendirent aussi aigrit et
amère ? C’est fort possible. En tout cas c’est ce que Berthe a toujours
pensé. Et c’est poussée par un sentiment de culpabilité qui se changea vite en
habitude, que la femme mariée se soumis
rapidement à la volonté de la veuve acariâtre. C’est pourquoi, malgré le gel
qui rendait les rues glissantes, Berthe se rendit chez son amie.
Là les deux
femmes établirent un plan de bataille afin d’en apprendre le plus possible sur
la nouvelle habitante de la roseraie.
Le temps ne se
prêtant pas aux promenades, les deux commères passèrent le mois de janvier dans
la cuisine, à épier les éventuelles sorties de celle qu’elles avaient surnommée Rosine (en souvenir d’une vieille
dame que Sidonie avait détesté étant enfant). Au bout
d’une semaine d’observation infructueuse, les deux femmes auraient pu se lasser et passer à une autre
occupation ; mais le gel limitant les sorties, elles qui après
l’espionnage avait comme hobby le crocher et les commérages, firent d’une
pierre 3 coups : épier, crocheter et papoter.
Pendant ces
après-midis-là les deux biques commencèrent à créer des scénarios complètement
délirants sur qui était Rosine. Pour deux vieilles femmes qui avaient passé
leur vie à lancer des commérages et des rumeurs de toutes sortes, vous devez
bien vous douter que s’il y avait bien une chose qui ne leur faisait pas défaut
c’était un manque d’imagination.
Berthe, grande
lectrice de la collection Arlequin et de Barbara Cartland, offrait à Rosine,
une vie des plus sulfureuses, avec des amants dans chaque port. Quant à Sidonie
sa mesquinerie prenant le pas sur tout le reste lui imaginait une vie
des plus sombres et misérable.
Dans la même rue, à deux maisons
de là, installée au bord du canapé, celle que les deux vieilles mégères avaient baptisé Rosine, faisait courir ses
doigts sur la vieille Remington d’Amy ; elle tenait enfin la nouvelle qui
lui manquait pour clore son recueil.
Malgré le feu qui flambait dans
la cheminée (petite attention de Martin) une tasse de chocolat fumant posée sur
la table basse et un vieux plaid fané enveloppant ses épaules, Violette, car
c’est ainsi qu’elle s’appelait en réalité, avait du mal à se réchauffer.
La dernière fois qu’elle avait
poussé la porte de la Roseraie, elle était en larme, elle venait annoncer à Amy
qu’elle quittait Berchères. C’était il y a 7 ans.
Est-ce le bruit de la machine à
écrire, l’odeur du chocolat chaud qui venait lui chatouiller les narines, la photo posée sur le manteau de la cheminée ,
ou tout simplement ces trois choses réunies qui avaient mis ses sens en émoi,
l’esprit de Violette remonta 15 ans en arrière, le jour de sa rencontre avec Amy.
Tout s’était décidé très vite. Oncle
Jean avait trouvé cette maison dans ce petit village de campagne, mais aussi
dégoter à sa sœur un poste de secrétaire chez le notaire. En moins de 15 jours tout était réglé. La
signature pour la location, l’inscription à l’école… Une nouvelle vie
commençait. Loin du scandale que son père avait provoqué en partant à
l’étranger avec la caisse de son entreprise à un bras et sa maîtresse à l’autre.
Le 10 septembre 1970, n’était pas uniquement
une des journées les plus chaudes de ce dernier mois d’été, c’était aussi le
jour de la rentrée des classes.
L’angoisse qui lui tenaillait le
ventre et l’avait empêché de savourer les belles tranches de brioche
dégoulinantes de confiture que sa mère lui avait amoureusement préparé pour son
petit déjeuner, se fit plus présente lorsqu’elle franchit le portail vert de sa
nouvelle école. Comme toute personne timide qui n’aspire qu’à une chose, se
faire le plus discrète possible, Violette ne mit pas longtemps à repérer le banc qui lui tendait les bras.
Elle s’y installa, posa son petit
cartable en cuir juste à côté d’elle, et après avoir observé les enfants
courant dans la cour et piaillant tout à la joie de se retrouver, se concentra
sur la contemplation de ses pieds confortablement installés dans ses mocassins
vernis.
Quand … Elle vit une paire de
ripatons s’arrêter devant elle.
Espérant que son immobilité la rendrait invisible, elle
garda la tête baissée ; mais les pieds ne bougeant pas, elle releva
lentement le menton. Et surprise, découvrit un garçon ; qui portait une
paire de chaussettes dépareillée, une culotte courte révélant deux petits
genoux dodus et écorchés, un tablier bleu marine beaucoup trop grand pour lui,
des épis sur la tête que même des coups de peignes rageurs n’avaient pu
discipliner, et sur son visage poupin fendu d’un large sourire un petit air
espiègle faisait briller des yeux verts malicieux.
Martin Dubreuil, fils du
notaire du village avait observé Violette entrer dans la cour de l’école,
s’assoir sur le petit banc et regarder les autres enfants jouer à chat. Son
père lui ayant demandé de prendre sous son aile la fille de sa nouvelle
secrétaire, il s’approcha du banc.
-« Bonjour, moi c’est Martin !
-Violette »
Martin en vrai petit garçon bavard et consciencieux de mener à
bien sa mission, lui parla de l’école ; fit vite le tour de chacun des
élèves, lui traça un tableau un peu surprenant du directeur, qui était
également le seul instituteur du village, lui raconta comment sa mère ne
supportant plus la vie à la campagne était partie en juin vivre à Paris
laissant mari et enfant livrés à eux même, et comment sa marraine s’occupait de
lui tous les soirs à la sortie de l’école. Violette qui jusque-là avait écouté
Martin d’une oreille plus ou moins distraite tout en fixant le bout de ses
mocassins, releva la tête le regarda d’un œil nouveau et lui parla. De son
père qui les avait abandonnés, du scandale, des regards inquisiteurs, des
moqueries des enfants de son ancienne école, de leur départ précipité, de sa
peur de rester toute seule le soir dans cette vieille maison qui était
aujourd’hui la sienne….
Le soir même, à la sortie de l’école Martin amena Violette chez l’ancienne nurse de son père,
sa marraine, Amy Bouvier, siroter un thé glacé.
Amy venait de fêter ses 65 ans.
Cela faisait 11 ans que son Germain l’avait quitté emporté par une mauvaise
grippe. N’ayant pas d’enfants, son jardin et ses traductions lui permirent de
combler une part du vide que la perte de son aimé provoqua, mais ce fut surtout
la naissance de Martin qui étancha sa peine. Elle adorait cet enfant, son
espièglerie, sa gentillesse, sa douceur et sa vivacité d’esprit. Malgré toutes ces
qualités Martin était un enfant qui n’avait pas d’amis et cela chagrinait
beaucoup l’ancienne nurse de son père. Car même si le notaire s’était vu contraint de vendre le château
familial à une chaine d’hôtellerie de luxe et était devenu le propriétaire
d’une maison placé en plein cœur du village, la famille Dubreuil était toujours
considérée comme une famille gravitant dans les hautes sphères de la société et
que l’on n’osait pas fréquenter. On constate chaque jour que les préjugés ont
la vie dure et même si le père de Martin était apprécié de tous, il n’avait
jamais pu faire intégralement partie du
cercle fermé des villageois. Cette mise à l’écart inconsciente touchait
également son fils, qui était devenu par la force des choses un enfant
solitaire.
Aussi lorsque la vieille
anglaise vit arrivé à l’heure du thé son filleul accompagné d’une petite fille
timide au regard triste, elle l’adopta aussitôt. C’est un livreur qui les pris
en photo tous les trois dans le jardin au milieu des rosiers ; Amy ayant
voulu immortaliser leur première rencontre à sa manière.
Les deux enfants devenus
inséparables passaient beaucoup de temps à la roseraie et ne manquaient jamais
le tea time. C’est avec Amy qu’ils apprirent à parler la langue de Shakespeare.
Avec elle également que Violette se pris de passion pour la littérature
anglaise. L’enfant adorait la regarder taper à la machine et bercée par le bruit des
touches enfoncées dans le clavier elle passait des heures plongée dans les
romans. Avec elle enfin que cette amitié
qui liait ces deux enfants se bâtit sur des fondations solides. Et malgré le
temps et les différentes directions que chacun prit au cours de sa vie, cette
amitié-là resta toujours intacte.
La Roseraie était donc devenue
pour chacun d’eux une sorte de refuge et Amy leur point d’ancrage.
Les enfants grandirent…
Puis un jour, au début du
printemps, Amy et Martin trouvèrent Violette en larmes.
Sa mère lasse des rumeurs
proférées à son encontre par les deux commères les plus féroces du village,
quittait Berchères pour le Canada. Violette déchirée entre son désir de partir
étudier à Montréal et sa peine de laisser ses deux amis, boucla sa valise et
suivit sa mère.
Martin partit à Rouen faire ses études de droit
et dans la pure tradition familiale devint notaire pour la 4éme génération.
Les deux amies s’écrivirent
régulièrement.
Violette racontait sa vie québécoise, ses progrès en anglais, le
patin à glace sur le Saint Laurent, les écureuils courant le long des câbles
électriques, ses moments de plénitude sur les bancs du mont royal, les spécialités culinaires québécoise tel que
le sirop d’érable ou la poutine (frites trempées dans une sauce brune mélangée
à des morceaux de fromages), ses études universitaires,
ses cours de dessins son premier livre
pour enfants vendu en librairie, le deuxième,
puis le recueil de nouvelles qu’elle
était en train d’écrire.
Et Amy racontait Berchères. Le nouveau restaurant
qui venait d’ouvrir, la nouvelle institutrice mademoiselle Gontran; la
boulangère qui portait sur ses hanches les gâteaux invendus ; le décès de
la vieille Marthe ; Martin, qui venait de terminer ses études, son retour
au village, ses visites régulières qu’il ne manquait pas de rendre à sa
marraine à l’heure du thé, les petits gâteaux qu’il rapportait de la
boulangerie ce qui permettait à certaines rondeurs de ne pas prendre trop
d’ampleur. Leurs discussions interminables et ces moments de silence lorsqu’ils
pensaient à elle, Violette, si loin et en même temps si proche.
Cela faisait quelque mois que
Violette songeait à revenir en France et ce fut une lettre qui finit par la
convaincre qu’il était temps de rentrer.
Berchères
5 Novembre 1984
Violette,
Les
nouvelles ne sont pas bonnes.
Amy
hospitalisée depuis septembre pour une prothèse totale de hanche ne rentrera
plus à la roseraie.
Ce
matin j’ai vu le docteur Blanchard, le médecin qui s’occupe d’elle à la
maison de convalescence où elle est actuellement. Il m’a annoncé qu’Amy était
atteinte de la maladie d’Alzheimer, et qu’il fallait lui trouver une place
dans une maison spécialisé car elle avait besoin d’une surveillance
constante.
Si
tu veux la revoir avant que son état ne s’aggrave, ne tarde pas, elle
commence déjà à me confondre de temps en temps avec mon père.
Je
t’embrasse,
Martin
|
Juin 1985
Cela faisait maintenant quinze
jours que Sidonie trouvait le comportement des villageois des plus étranges.
Elle avait le sentiment désagréable que les conversations s’interrompaient à son
passage, et parfois même, dès qu’elle
avait le dos tourné, il lui semblait entendre de petits ricanements. C’est
Berthe qui apporta la réponse à ses interrogations. Alors qu’elle allait se
chercher le dernier Arlequin parut, son regard fut attiré par le titre d’un
recueil de nouvelles mis en tête de rayon. La libraire, s’approcha.
-« L’auteur
est une jeune femme qui vient d’emménager dans le coin. Elle a écrit la
dernière nouvelle en janvier en s’inspirant de deux vieilles dames qui vivent
dans sa commune.
« Rosine » paru en juin, il n’a pas
été un succès national, mais on trouva
le livre de Violette dans tous les foyers de Berchères.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire